Le Passageur – Andoryss

« Matéo n’aurait jamais dû hériter du don de sa mère.
Il n’auraiCouverture Le passageur, tome 1 : Le coq et l'enfantt jamais dû entendre les pleurs des fantômes.
Désormais, il n’a d’autre choix qu’accepter son héritage… ou sombrer dans la folie !

C’est au temps de la Commune, au milieu des horreurs de la semaine sanglante, qu’il débute son apprentissage…

Matéo Soler sait que les fantômes existent. Il le sait parce que sa mère en a aidé des dizaines à trouver le repos, jusqu’à ce qu’elle-même meure, des années auparavant. Ce que le jeune garçon ne pouvait pas deviner, par contre, c’est qu’il hériterait de son pouvoir. Devenu Passageur à son tour, le voilà contraint de lutter contre un trushal odji, une âme affamée. Pour s’en libérer, Matéo n’a d’autre choix que de rejoindre l’âme dans son époque d’origine afin d’y apaiser sa mort. Mais alors qu’il est propulsé au temps de la Commune et au milieu des horreurs de la semaine sanglante, il comprend que sa tâche ne sera pas si facile… »

Le Passageur, 1 – Le Coq et l’Enfant, Andoryss, Lynks, 2018 (283 pages)

Que je vous prévienne d’emblée, malgré la couverture qui peut faire penser à un roman d’horreur, ce livre ne fait absolument pas peur. C’est une histoire de fantôme, mais une histoire pleine d’émotion. Et en aucun cas elle n’a été écrite pour faire peur.

Je veux m’attarder un peu sur la couverture, que je trouve magnifique, et sur l’édition en elle même. Déjà, au toucher, la couverture est rugueuse, mais dans le bon sens du terme, on sent des reliefs qui nous font penser à un petit côté parchemin.

Nous suivons Matéo, un jeune rom qui essaye de s’adapter dans la société, car il est sédentaire. Il n’est accepté ni par les roms, ni par les parisiens. Sa mère et sa soeur sont mortes quand il était jeune, et il pense que c’est de sa faute. Et si ce n’était pas encore assez compliqué de s’adapter, Matéo va devenir un Passageur. Il doit aider une personne afin d’apaiser sa mort, et éviter qu’elle ne revienne en Dévoreur. Sa tâche n’est pas aisée, d’autant que personne ne le croit : c’est un rôle qui revient uniquement aux femmes. C’est seul qu’il va remonter le temps et essayer de sauver cette âme.

C’est un roman magnifique. Matéo en est le narrateur, ce qui fait qu’on sait tout de lui, nous avons une relation presque intime avec lui. On le voit lutter au quotidien, face à son père, face aux préjugés, à l’école … Et si cela ne suffisait pas, il doit également lutter pour sa survie dans un Paris au proie en flammes. Je me suis beaucoup attaché à cet adolescent.

Le concept de ce roman est vraiment original. En plus de pouvoir voir les fantômes, le protagoniste peut remonter le temps et aller à l’époque où ce fantôme est décédé. Nous sommes donc dans deux époques, et les deux représentent chacune un combat de tout les instants. Et nous avons un protagoniste Rom, ce qui est assez rare. Cela nous amène à réfléchir sur les préjugés, mais nous apprend également sur la culture de ce peuple, très riche et belle.

Pour moi il s’agit d’un roman initiatique, car ce jeune homme apprend à se connaître grâce à son fantôme, et il va ressortir plus fort et changé de ses épreuves. Il apprend de ses erreurs, ses impressions change, et il s’accepte tel qu’il est. C’est un beau parcours.

Les autres personnages ne sont pas en reste. Luisa et Diego sont la famille de Matéo, et nous pouvons voir leurs relations. Matéo aime sa famille, mais est constamment en tension avec son père qui lui reproche la mort de sa femme et de sa fille. Diego, l’aîné, essaye de s’interposer. Il a arrêté ses études, il travaille pour aider à payer le loyer, et à pris le rôle de « maman ». Il sera présent pour aider Matéo dans sa quête de Passageur, et ne doutera jamais de lui. C’est un puissant allié. Luisa est plus discrète, mais c’est un petit génie, et elle est très attachante, même si peu présente. Et bien sûr nous détestons le père, et l’autrice ne s’est pas donné la peine de le rendre attachant. Et il y a la mère de Matéo, qui brille par son absence, absence qui pèse sur la famille.

L’autrice réussit par sa plume à nous transporter au temps de la Commune, à nous faire vivre une guerre, mais aussi à changer notre perception de certaines choses, comme les préjugés qui persistent. L’écriture est belle, parfois poétique, et pleine d’émotion. Le roman se lit très vite et est assez court, trop court. On voudrait rester avec Matéo.

En bref, j’ai adoré ce roman. Tout y est, et si je parle moins des fantômes, c’est parce que ce n’est pas le plus important pour moi. Si vous lisez ce livre juste pour le côté fantastique et frissons, vous serez déçus. Bien sûr le fantôme est vraiment présent, mais c’est surtout l’humain qui est représenté, le fantôme n’est pour moi qu’un outil afin que le narrateur comprenne certaines choses. Et la fin est magnifique. C’est une histoire puissante et pleine d’émotions, que je vous recommande à 100% !

Sylnor

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